Biographie
Le sculpteur Memas Kalogiratos est né en 1940 à Petrikata, Céphalonie. En 1943, les forces d’occupation allemandes incendièrent sa maison familiale en raison de la participation de son père à la Résistance, ce qui obligea la famille à quitter progressivement Céphalonie pour Patras, tout en marquant la vie et l’œuvre ultérieures du sculpteur.
A Patras, le jeune Memas fera son apprentissage auprès du peintre et iconographe Georgios Papadimitriou (Faona) et à son propre impulsion il intégrera le département préparatoire de l’Académie des Beaux-Arts en 1960, où il découvrira sa préférence pour la sculpture. Il a d’abord étudié dans le laboratoire de Yiannis Pappas et à partir de 1961 dans le laboratoire du professeur alors nouvellement élu de l’École, Thanasis Aparti. L’austérité, l’évitement de rendre des détails et la simplification des formes sont des éléments acquis par Kalogiratos aux côtés d’Aparti et n’ont pas quitté son œuvre depuis. Outre des têtes – principalement des études de modèles – et des reliefs, ses travaux d’atelier comprennent des sculptures inspirées de l’environnement très politisé des années 60 apres la guerre civile. De tels œuvres, intitulées avec des vers de Tasos Levidatis et Odysseus Elytis, sont conçues dans un langage morpho-plastique moderniste qui, dans certains cas, va jusqu’à l’abstraction. Le sculpteur de gauche était également un membre actif du mouvement étudiant et de l’EFEE.
En 1965, vers la fin de ses études, il présentera sa première exposition personnelle à la Bibliothèque Municipale de Patras. Puis, il suivit Vassilis Vassiliadis à Epidaure, où il fut employé à la création de décors théâtraux. Le contact avec la tragédie antique qu’il a exprimé dans certaines œuvres de cette période, s’est maintenu depuis lors et se retrouve même dans ses œuvres récentes.
En effet, entre 1992 et 1997, il fonde la Kefalonian Society for Artistic Search dans sa ville natale et avec une troupe amateur, il met principalement en scène des tragédies, prenant en charge lui-même l’enseignement des œuvres, les décors et les costumes.
Vers 1966, à la fin de ses études, la silhouette allongée, haute et maigre, dénotant des états mentaux et des angoisses existentielles, apparaît dans son œuvre. Cette forme particulière occupe une place importante dans son œuvre, surtout après 1980, quand lui et sa femme s’installent définitivement à Céphalonie. En 1970, après sa libération de l’armée, il ouvre sa première fonderie à l’école Rizario après avoir acquis une expérience pertinente en travaillant dans les fonderies de Nikos Kerlis et Dimitris Gavalas. Une influence significative sur sa sculpture dans ces années a été exercée par Christos Kapralos, avec qui il a collaboré en tant que mouleur et assistant. L’ère de la fonderie fut particulièrement féconde pour Kalogiratos qui travaille principalement les bustes en laiton, les sculptures de corps entiers, les nus, les reliefs et les compositions (allégoriques, mythiques, érotiques, sociales). Quelques années après son mariage (1977) il décide de retourner dans son lieu d’origine et vers 1980 il s’installe définitivement à Céphalonie, où il construit son atelier et sa fonderie. Vers 1984-1985 il peindra une partie de l’église d’Agios Konstantinos et Agia Eleni à Karavados, Céphalonie.
Memas Kalogiratos a travaillé sans relâche jusqu’à aujourd’hui en créant des œuvres principalement en laiton et dans certains cas en bois et porolit local. En marge de son occupation de sculpteur, il a également réalisé quelques peintures qui, avec une partie représentative des sculptures de ses années d’études à sa production récente, sont exposées dans une galerie de sculpture privée, qu’il a fondée en 2016 près de son atelier. à Céphalonie.
Son travail a été présenté dans de nombreuses expositions individuelles et collectives avec les dernières expositions rétrospectives « Tragic Muse » aux anciens tribunaux de la rue Santaroza à Athènes (12 mai au 12 juin 2022) et « Le retour » à la Hellenic Diaspora Foundation à Patras (du 15 au 30 juin 2022).
Xenia Giannouli
Historien d’art